Joëlle Tuerlinckx a débuté son travail par plus d'une année d'immersion dans la ville. Elle a rencontré certains habitants, les a enregistrés, filmés, photographiés, elle a étudié des cartes, s'est promenée dans la ville.
Elle a ainsi constaté que l'histoire de Cransac était effacée, la majorité des installations minières ayant été rasée, et donc invisible mais le passé minier est omniprésent dans la ville : dans les récits, dans le vécu, dans l'air. On ne voit pas cette mémoire mais on la ressent.
Elle a donc développé l'idée d'un musée de la mémoire à l'échelle de la ville. C'est-à-dire que Cransac dans son ensemble est un musée porteur de la mémoire individuelle et collective. Comme dans un musée traditionnel, il y a des collections mais ici elles sont formées par les habitants, leurs voix, le son de la ville, les arbres, les bâtiments...
Cette mémoire est invisible mais elle est bien là. Il ne s'agit donc pas de créer de nouveaux éléments pour reproduire ce qui n'existe plus mais seulement de révéler ce qui existe encore, et qui aujourd'hui véhicule la mémoire.
Pour symboliser ce musée imaginaire, il y a tout d'abord une sculpture monumentale. Un Monument-Mémoire, sur lequel est inscrit MUSEE DE LA MEMOIRE en miroir, mesure 34 mètres de haut soit 1/10ième de la profondeur du puits n°1. Il se situe dans le parc thermal, à l'emplacement de l'ancien carreau de la mine, lieu central dans l'histoire de la ville.
Durant ces années de réflexion, Joëlle Tuerlinckx a accumulé des archives, documents qui ont nourri le processus de création (papiers, vidéos, photographies, témoignages, plans,... ). Elles sont présentées dans deux bâtiments distincts. La salle des archives historiques prend place dans le musée « Les mémoires de Cransac » et propose ainsi une rencontre entre les archives de Joëlle Tuerlinckx et celles de l'association Les Amis de Cransac.
La salle des archives contemporaines se situe dans les anciennes écuries de la gendarmerie (place Jean Jaurès). On peut y entendre en permanence la vie cransacoise comme écouter les témoignages d'habitants grâce aux '100 boutons presseurs d'histoires'.